LE VISITEUR

Une nuit, alors que les troupes allemandes défilent dans Vienne dont elles prennent possession, Sigmund Freud reçoit un étrange visiteur : il prétend être Dieu. Eric-Emmanuel Schmitt, l’un des auteurs francophones les plus joués dans le monde et qui a reçu pour cette pièce plusieurs Molière, mêle philosophie et théâtre avec humour et légèreté. Bourdet qui fut le fécond directeur du CDN du Nord-La Salamandre, revient dans la région qui l’a consacré, pour mettre en scène avec une distribution belge cette pièce où la métaphysique flirte avec le fantastique.

ÉRIC-EMMANUEL SCHMITT

"Ce que je croyais être mon théâtre intime s’est révélé correspondre aux questions de beaucoup de mes contemporains et à leur profond désir de réenchanter la vie", écrit Eric-Emmanuel Schmitt à propos de ses pièces (Le Libertin, Hôtel des deux mondes, Petits crimes conjugaux, Monsieur lbrahim et les fleurs du Coran. ..)
Normalien, docteur en philosophie, Schmitt s’est d’abord fait connaître au théâtre avec Le Visiteur, devenu un classique du répertoire international.

Comme dans certains de ses romans (Ma Vie avec Mozart, La Part de l’autre), le dramaturge y met en scène un personnage historique, le docteur Sigmund Freud, dans une situation imaginaire mais réaliste : dans la Vienne de 1938 occupée par les allemands, le célèbre psychanalyste refuse de quitter son pays. Mais il se désespère lorsque la Gestapo emmène Anna, sa fille, pour l’interroger. II reçoit alors une étrange visite : un homme en frac, dandy léger, cynique, entre par la fenêtre et tient d’incroyables discours ... Il prétend être Dieu ! La conversation qui s’enclenche entre Freud et Dieu permet d’aborder, l’air de rien, les abîmes les plus insondables, les questions les plus graves, régalant l’esprit d’une manière facétieuse et finement insolente.

GILDAS BOURDET

Dans sa mise en scène, Gildas Bourdet a réuni quatre comédiens belges, avec Alexandre Von Sivers dans le rôle de Freud. Autour du divan et du bureau, il délaissera sans doute le réalisme pour donner à voir un cabinet de savant ouvert sur l’infini ... car Le Visiteur est une sorte de théodicée, une tentative de justifier l’existence du mal malgré l’existence de Dieu. Et l’on rira peut-être de ce rire léger qui naît quand soudain, devant une chose obscure et grave, tout devient clair. Alors, comme Freud, chacun décèlera, en cette nuit folle et grave, qui est Le Visiteur ... ou plutôt ce qu’il représente pour chacun d’entre nous.