Étude burlesque du comportement humain en milieu bureaucratique
Mise en scène de Hacid Bouabaya
Du mercredi 18 au vendredi 20 mai 2016
au Centre Marius Staquet, Mouscron [B]
Spectacle à l’abonnement
Production : Compagnie Joker (Lille)
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Avec : Willy Claeyssens, Nicolas Cornille, Bernard Debreyne, Barbara Monin
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Régisseur lumière : Pascal Lesage
Régisseur plateau : Amaury Roussel
Costumes : Francis Debeyre, Annick Baillet
Scénographie : Hacid Bouabaya
Univers sonore : USMAR
Décor : Fanny Belair, Alain Le Béon, Anne Legroux
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Durée du spectacle : 1h20 sans entracte
Dans le décor suranné d’une administration quelconque, trois burelains démarrent leur journée de travail : Monsieur Soupe, vieux fonctionnaire englué dans les protocoles, Monsieur Larrier, burelain débonnaire mais un brin découragé, et Mlle Poivret, secrétaire toujours débordée. Le travail est routinier et perpétuel : ça tamponne, ça remplit des formulaires, ça griffonne dans les dossiers. Les bureaux sont coincés entre d’immenses colonnes de tiroirs, lesquels renferment eux-mêmes des montagnes de papier, dont on doute qu’ils en ressortiront un jour. L’arrivée d’un petit nouveau va bouleverser leur monde. Monsieur Couique, tout jeune burelain plein de bonne volonté fait irruption dans cet univers uniformisé. Il fait le rêve de ramener un peu de sens dans cette vie bien terne.
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LES BURELAINS
Chacun a été, un jour ou l’autre, confronté à l’administration et, donc, à son corollaire : la bureaucratie. Innombrables sont les anecdotes - et éminemment rageantes pour qui en pâtit - qui mettent en scène l’absurdité et la froideur inhumaine du système bureaucratique. C’est ce territoire à la fois familier et fondamentalement étranger que la Compagnie Joker explore dans cette nouvelle pièce, qui vient de rencontrer un formidable succès au Festival d’Avignon. Le sujet est intemporel, aussi ces burelains évoluent-ils dans des lieux et des époques indéfinis. Mais leurs costumes sans âge ne manquent pas d’évoquer le XIXème siècle, période où s’inventait l’administration moderne. La rationalisation du travail et, avec elle, la répartition des tâches - dans les bureaux comme dans les usines - a provoqué une perte de sens au travail, qui, depuis, n’a cessé de croître dans une fuite en avant vers la spécialisation. Comme si l’esprit avait immédiatement eu besoin de s’échapper du carcan inepte dans lequel on risquait de l’enfermer, parallèlement à la naissance du fordisme et de la bureaucratie, sont apparus les grands rêveurs de notre époque moderne : Charlie Chaplin (Les Temps modernes), Fritz Lang (Metropolis), Franz Kafka (Le Procès), mais aussi Georges Méliès ou encore Jules Verne. Sur les bases des systèmes et des technologies qui se développent sous leurs yeux, ils inventèrent la science-fiction ; l’imagination et le rêve prenaient le pas sur la réalité, sans limite, mais parfois aussi décrivaient avant l’heure de sombres réalités à venir.
C’est dans cette même dialectique entre morosité et fantaisie, ennui et rêverie, résignation et espoir, que la Compagnie Joker investit ce monde en choisissant le mode du théâtre burlesque. La solide équipe de quatre comédiens : Barbara Monin, Bernard Debreyne, Willy Claeyssens et Nicolas Cornille, entrent dans la peau de ces burelains avec très peu de texte, mais à travers un jeu très codifié - presque chorégraphié -, qui laisse une grande place au comique physique et de situation ; tels des clowns modernes dont les nez rouges ont été remplacés par des prothèses en latex qui définissent un peu encore plus ces personnages en leur offrant des « gueules ». Bien qu’engoncés dans leurs costumes étriqués et dissimulés derrière leurs grosses moustaches, les comédiens réussissent à libérer joyeusement la part de candeur et d’émerveillement, la profonde humanité, qui, comme chaque fois chez Joker, habitent ces personnages de burelains.
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COMPAGNIE JOKER
Implantée à Lille, la Compagnie Joker a été créée en 1990 par Hacid Bouabaya et Barbara Monin, deux comédiens passionnés par le travail avec le masque. Après avoir fait leurs armes dans des spectacles de rue, leur rencontre avec Mario Gonzales, grand spécialiste de la commedia dell’arte en France et à l’étranger, leur donne l’élan et le souffle d’un vrai départ. Ils travaillent dès lors à la réalisation d’un théâtre contemporain renouant avec la tradition éminemment populaire du théâtre de tréteaux et créent avec ses moyens simples et efficaces des spectacles jubilatoires : « Nous essayons d’échapper à la reconstitution historique tout en gardant l’essentiel de cette tradition qui jette un oeil sans complaisance sur notre monde. Mais c’est le plaisir qui est le véritable moteur de la Commedia, plaisir du rire et de la démesure, plaisir partagé des spectateurs et des comédiens, plaisir de créer, de réinventer à chaque représentation. Plaisir de la générosité et de l’émotion. »
La Virgule a eu le plaisir de présenter à son public en 2010, Les Aventures extraordinaires du baron de Münchausen, spectacle qui continue toujours son parcours à la rencontre de tous les publics, comme cet été encore au Festival d’Avignon.
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La presse en parle
Une nouvelle fois la compagnie Joker fait mouche avec son tout nouveau spectacle, écrit et mis en scène par Hacid Bouabaya. D’autant que cette fois son spectacle ne prête pas seulement à rire mais aussi à réfléchir. Ces clowns modernes que sont Barabara Monin, Bernard Debreyne, Willy Claeyssens et Nicolas Cornille, ont, grâce à leur immense talent, su donner corps à un spectacle des plus originaux.
J-P. L., La Voix du Nord