d’Érasme
Adaptation, jeu et mise en scène de Jean-Marc Chotteau
Samedi 28 novembre 2015
au Centre Marius Staquet, Mouscron [B]
Spectacle hors abonnement
Production : La Virgule
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Assistanat à la mise en scène : Carole Le Sone
Régie : Éric Blondeau
Costumes : Sophie Selosse
Collaboration scénographique : Thomas Ramon
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Durée : 1h25 sans entracte
« Voilà un texte que, depuis près de 20 ans, et chaque année, j’ai le bonheur de faire voyager sur de nombreuses scènes en France et en Europe. En tant que lecteur, comme en tant que comédien ou metteur en scène, aucun ne m’a autant comblé autant que lui. Et, partout, il m’a été donné de vivre à quel point mon enthousiasme était partagé : mon bonheur a été celui de milliers de spectateurs. À la demande de beaucoup d’entre vous qui souhaitaient le revoir ou le découvrir, je veux reprendre cette saison encore, dans une interprétation certainement mûrie par les années mais tout aussi extravagante, le vivifiant Éloge de la Folie d’Érasme. Oui, je veux vous entraîner encore dans cette Folie à l’irrésistible insolence dont l’audace salutaire étonne plus que jamais.
C’est que, bien qu’écrit en latin, en 1509, l’Éloge n’a rien perdu au cours des siècles de sa force comique et corrosive. Je n’ai d’ailleurs eu nul besoin, en adaptant au théâtre cet exercice virtuose de rhétorique, d’inventer quelque rajout que ce soit pour en faire ressortir l’actualité. Car, en s’adressant à des spectateurs imaginaires pour fustiger sous l’apparence habile d’une glorification toute la part de folie du monde, (celle des amoureux, des enfants, des vieillards, des professeurs, des rois, des juges, des militaires, des religieux, des médecins et... des artistes), Érasme nous parle, aujourd’hui, d’aujourd’hui.
C’est, en fait, la Folie elle-même que l’humaniste fait parler, et il nous le précise bien en exergue de son brûlot : « Stultitia loquitur ». Mais la transposition au théâtre impliquait de pouvoir répondre à une question périlleuse : à quel type de comédienne confier ce rôle délicat, sans en rajouter dans la misogynie foncière d’une époque qui macère encore dans les textes de ces Pères de l’Église dont l’antiféminisme atteint la caricature ? Ayant découvert ce texte à 20 ans, il me tardait de trouver de quelle façon il convenait de porter sans le trahir ce texte au public !
J’ai pu finalement monter le spectacle pour avoir trouvé à cette question une réponse paradoxale : c’est à un homme qu’il fallait donner le personnage de Dame Folie. Car cette Folie, qui fait son propre éloge (« on a raison de se louer soi-même quand on ne trouve personne pour le faire »), est peut-être… un travesti. C’est la démarche d’Érasme lui-même ! Ne se « travestit »-il pas lorsque à la fin de son sermon - dont la dangereuse insolence l’aurait conduit au bûcher comme un Giordano Bruno -, il conclut perfidement, comme pour se disculper : « n’oubliez pas que c’est la Folie qui vous parlait et qu’elle vous parlait... en femme ! » ?
Oui, son Éloge de la Folie est aussi un éloge du travestissement ! Je veux dire de cette part de comédie nécessaire que notre monde doit se donner pour survivre à une désespérante lucidité : « Il n’y a partout, s’exclame-t-elle, (s’exclame-t-il !), que du travesti, et c’est ainsi que se joue la comédie humaine ».
S’efforçant de rester strictement fidèle - avec quelques coupures - au texte d’Érasme, ma mise en scène n’a pris d’autre liberté que celle de la transposition. Avec une audace finalement parfaitement respectueuse de la pensée de l’auteur, j’ose interpréter moi-même Dame Folie. Et mon personnage est celui d’un comédien achevant dans sa loge une ultime répétition de l’Éloge, tout en se transformant, par le maquillage et l’exubérance d’un costume, en reine de carnaval pour entrer, une fois prêt, en scène. Il y montera pour l’extase finale, ce don de soi quasi mystique qui fait ressembler si fort l’artiste, (celui qui « s’abandonne » à son public), à ce Chrétien, le fou suprême selon Érasme, celui dont l’esprit est « tout entier dans l’Être qu’il aime »...
Je vous invite à démasquer avec moi la pensée subversive d’un théologien, qui eut l’habileté et l’intelligence de se dissimuler sous des jupons de dentelle et de dérision pour nous faire mieux entendre nos quatre vérités. Prudence tout aussi nécessaire aujourd’hui qu’au seizième siècle, quand il s’agit de convaincre, fût-ce dans une feinte déraison, des raisons du doute et de la révolte contre les tristes dogmes et les dangereuses certitudes...
Car L’Éloge de la Folie, c’est une invitation à la tolérance dans notre monde d’intégrismes en tout genre, dans une parole travestie, pas cachée, pour que tombent les tabous et renaissent les pensées libres."
Jean-Marc Chotteau
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La presse en parle
Une mise en scène pleine d’esprit et d’énergie contagieuse, un texte d’une modernité déconcertante...
M.S., Frankfurter Allgemeine Zeitung (Allemagne)
"Par la force de son jeu, Jean-Marc Chotteau dans ce remarquable " one man show " tient le spectacle à bout de bras, quant au choix du personnage travesti, il semble indiscutablement juste.
Adevarul de Cluj (Roumanie)
Samedi soir, sur la scène du Théâtre Hongrois de Timisoara, nous avons eu le privilège de voir un artiste virtuose, Jean-Marc Chotteau, dont le talent a souligné l’intelligence du texte.
Agenda Timisoara (Roumanie)
Un bonheur de théâtre et une véritable performance d’acteur. Le tout est une réussite.
La Voix du Nord
À voir absolument.
Trait d’Union
L’acteur utilise avec brio l’arme qu’est l’ironie… Personne n’est épargné… L’Eloge de la Folie est une véritable leçon de sagesse.
J. Dalbavie, La Provence