D’après Boris Vian
Mise en scène d’ Emmanuel Dekoninck
Avec : Julien Vargas, Michelangelo Marchese, Aurélien Ringuelheim, Gilles Masson, Violette Pallaro, Antojo, Marie du Bled, Nancy Philippot et Fanny Dumont
Du mercredi 07 au vendredi 09 décembre 2011
au Centre Marius Staquet, Mouscron [B]
Spectacle à l’abonnement
Coproduction : Les Gens De Bonne Cie, Atelier 210, Comédie Claude Volter
Avec le soutien de l’Eden/PBA - Centre culturel régional de Charleroi, la Maison de la Culture Famenne-Ardenne, le centre culturel de Comines-Warneton, le centre culturel de Verviers, la Maison culturelle d’Ath et de La Virgule.
Avec l’aide du Ministère de la Communauté française - Service du Théâtre
Avec la participation du Centre des Arts scéniqueset de la Cocof
Scénographie et Costumes : Ronald Beurms
Chorégraphie : Bérangère Bodin
Lumières : Thomas Vanneste
Durée du spectacle : 1h30 sans entracte
Emmanuel Dekoninck adapte pour la scène la célèbre - et tragique - histoire d’amour écrite par Boris Vian. Cette création bruxelloise ambitionne de réinvestir l’univers poétique et fantasque d’un roman au croisement du jazz, du surréalisme et de l’existentialisme à travers un travail de mise en scène principalement axé sur la langue, le corps et la scénographie. A l’exemple de son héros, Colin, qui s’abandonne à son amour pour Chloé mais doit, pour le voir survivre, combattre le nénuphar qui pousse inexorablement dans le poumon de sa bien-aimée, L’Écume des jours invite à se laisser aspirer par l’énergie du monde moderne sans se laisser étouffer par les contingences de la réalité. Un spectacle qui pourrait se révéler un excellent antidote à la morosité ambiante.
Dans un Paris bien étrange aux allures de capitale de la Louisiane, la vie semble particulièrement exaltante pour les jeunes gens qui peuvent s’y adonner. Les accords des jazzmen font vibrer les caves, les couples d’amants dansent le biglemoi, et, sur les boulevards, une philosophie nouvelle incarnée par le charismatique Jean-Sol Partre n’en finit plus de nourrir les discussions aux tables des cafés. Colin est l’un de ces jeunes hommes qui s’abandonnent à l’air du temps comme aux effluves d’un enivrant nectar. Puisqu’il n’a pas à travailler, il a tout loisir de se consacrer à sa trépidante vie de célibataire et à son amour pour la gastronomie. Mais, le jour où l’un de ses camarades lui présente sa fiancée, Colin constate qu’il lui manque l’amour d’une jeune fille pour parfaire son bonheur. Chloé sera celle qui enflammera son cœur. Hélas, peu après leur mariage, une étrange maladie vient frapper la jeune fille : un nénuphar pousse inexorablement dans son poumon. Pour lutter contre ce mal étrange et tenter de protéger son bonheur, Colin se voit contraint à certains sacrifices qui, peu à peu, vont radicalement bouleverser sa vie.
Publié en 1949 dans l’indifférence générale, L’Écume des jours a, depuis, conquis des générations de lecteurs touchés par ce portrait tragique d’une confrontation entre l’imaginaire et la réalité. Dans une démarche quasi-surréaliste, tel un jeu de cadavres exquis sur le mode d’une improvisation jazz, Boris Vian crée par association libre d’éléments du monde réel l’univers de pure fantaisie qui accueille la poignante histoire d’amour de Colin et Chloé. Un monde tel l’écrin d’un idéal amoureux certes, mais surtout un monde idéal où tout mouvement créatif de la pensée peut se réaliser. Boris Vian a écrit ce roman alors que ses ambitions artistiques étaient bridées par la nécessité de passer ses journées à exercer un travail qui l’ennuyait. Le monde fantastique dans lequel Colin est si heureux doit sans doute alors être lu comme un exutoire face à cette « triste réalité ». Le saccage progressif de cet univers idyllique par les contingences matérielles exprime d’ailleurs autant la victoire d’un principe de réalité qu’il est l’expression de la figure hautement romantique d’un Eden perdu.
Emmanuel Dekoninck
Après avoir signé une mise en scène du Peter Pan de Loisel, Emmanuel Dekoninck a choisi d’adapter L’Écume des jours convaincu que les univers imaginaires et l’expression d’un monde intérieur sont les miroirs les plus fidèles et les plus complexes de la réalité. Sa mise en scène ambitionne de retranscrire fidèlement l’univers du roman de Vian, un « roman théâtral, oral et visuel » selon lui, par l’entremise d’un théâtre d’action. Les dialogues y seront directs et riches des inventions langagières de l’auteur, le burlesque et le comique nourriront sa poésie et sa féerie loufoque, tandis que les descriptions du livre constitueront la trame de moments chorégraphiés. La créativité contemporaine bruxelloise sera ainsi confrontée à ce monument littéraire des heures épiques du Saint Germain de l’après-guerre.