Coréalisation du Théâtre du Dedans, de La Virgule et du Théâtre Toursky (direction Richard Martin)
Avec le soutien de la fondation Beaumarchais
Avec : Jenny Arasse et Jean-Marc Chotteau
Scénographie : Rémi Nicolas et Philippe Madral
Costumes : Michel Malard
Musique : Philippe Chatel
Écrit et mis en scène par Philippe Madral
Un homme et une femme s’aiment ou se déchirent tous les soirs à minuit sept, en cinq scènes loufoques et absurdes, tragiques et comiques, où habillages et déshabillages vont bon train, au propre comme au figuré…
Un scénario drôlatique et pointu, écrit par Philippe Madral et interprété par Jean-Marc Chotteau et Jenny Arasse. Cet inédit, coproduit par La Virgule, sera créé au Salon de Théâtre avant de partir en tournée à Paris et Marseille.
Philippe Madral, l’auteur
Au théâtre, il a travaillé comme auteur, metteur en scène et décorateur.
Années 70 : Co-dirige le Centre Dramatique National du Nord avec Jacques Rosner. Collabore avec lui à plusieurs mises en scène (Brecht, Vi-trac). Met en scène et signe le décor de sa première pièce (« Dehors dedans »). À Paris, il met en scène plusieurs pièces dont il est l’auteur (« Deux et deux font seuls » au TEP, « Qu’est-ce qui frappe ici si tôt ? » au Théâtre Montparnasse, « L’Éternité depuis le début » à l’Odéon. Travaille sur des mises en scène de Shepard et de Jorge Diaz.
Années 80 et 90 : Plusieurs de ses pièces sont créées ou recréées par Jacques Rosner, Philippe Adrien, Nadia Taleb, Bert de Wildeman, Jacques Hansen, Gérard Vantagiolli, Patrick Chesnais, Christian Bar-bier, Marc Feld, etc à Paris ou à l’étranger (Belgique, Hollande, Suisse, Russie, Inde). Entre autres, « La Manifestation » (Théâtre de l’Odéon), « Moi c’est l’autre » (Festival d’Avignon), « L’Infini est en haut des marches », « Finalement quoi » (Théâtre Paris-Villette). Ses pièces sont publiées aux éditions Stock (« Le Chevalier au Pilon flamboyant ») Papiers-Actes Sud (« Moi c’est l’autre », « L’Infini est en haut des marches », « Finalement quoi ») et l’Avant-Scène Théâtre (« Anecdotes provinciales »). La dernière en date jouée est « Finalement quoi » par la Compagnie Kao à Paris en 1998 (mise en scène : Marc Feld). Reprise à Avignon, été 1999 et été 2001, puis par François Perrot au Cinéâtre 13 (Paris, 2002-2003).
A écrit un essai sur le théâtre : « Le théâtre hors les murs » (Le Seuil) et signé des adaptations de pièces de Sam Shepard (« La Turista »), Alexandre Vampilov (« Anecdotes provinciales ») et Jorge Diaz (« Topographie d’un nu »). A obtenu le Grand Prix de l’Humour Noir.
Romancier, il a publié six ouvrages (« Guy de Maupassant », « Le Génie du faux », « Tendres condoléances », « l’Odyssée du crocodile », « le Cœur à l’explose », « Et ton nom sera Vercingétorix »)
Scénariste, il a écrit une quinzaine de films pour le cinéma, parmi lesquels « Guy de Maupassant », avec Michel Drach, « Chacun pour toi », avec Jean-Michel Ribes, « Tokyo Eyes », avec Jean-Pierre Limo-sin (Sélection Festival de Cannes 1998), « Charmant garçon » avec Patrick Chesnais, etc.)
À la télévision, a signé une cinquantaine de téléfilms, avec notamment pour réalisateurs Peter Kassovitz, Jacques Renard (« L’Année du certif »), Marco Pico, Stéphane Kurc, Philippe de Broca (« Un amour en kit »), Daniel Losset (« Faux frères »), Francis Girod (« Le pays des enfants perdus »), Thierry Chabert, etc...
A obtenu le Prix du Festival de Chamrousse, le Prix du Festival de Sofia, et le Prix Jean Lhôte de la meilleure comédie audiovisuelle.
Note de mise en scène de l’auteur, Philippe Madral
Rendre le plateau et les personnages aussi opaques que possible. Arracher le couple à l’anecdote en le sortant de l’ornière d’une description sociale trop caractérisée. Aller vers la plus grande abstraction. Ne pas éloigner mais ne pas rapprocher les personnages des spectateurs. Les laisser dans une certaine indéfinition, de façon que le public puisse concentrer toute son attention sur les rapports entretenus par les personnages, non sur les personnages eux-mêmes.
Lorraine et Laurent doivent nous ressembler, c’est-à-dire se montrer capables de n’importe quoi à n’importe quel moment, ou du contraire au moment suivant. Éviter de leur prêter des caractères psychologiques ou des états émotionnels qui les feraient « comprendre », c’est-à-dire condamner ou justifier par le public. Leur préserver un mystère, celui de la vie même. Rien ne doit paraître plus étrange, plus mystérieux, que de pénétrer dans l’intimité d’un couple en train de se disputer à propos d’une montre que l’un ou l’autre n’a pas regardée en temps voulu. La vie est faite de ces milliers de rites inconscients.
Les conversations de Lorraine et de Laurent doivent avoir commencé depuis longtemps, peut-être depuis toujours. Leur objet doit sembler dérisoire, un prétexte pour faire surgir des problèmes plus graves, des problèmes à proprement parler « indicibles ». Malgré cela, ne jamais donner l’impression qu’on est en face d’un couple qui ne va pas. C’est au contraire un couple qui « va », comme « vont » tous les couples. Il est donc important de jouer en creux les moments où cela « va ».
Les cinq séquences discontinues de la pièce doivent engendrer par leur succession une impression d’abstraction confortée par l’idée qu’il est toujours la même heure à tout moment, c’est-à-dire minuit sept. Au metteur en scène d’inventer la continuité que l’auteur a escamotée. Cheminer par flashes successifs, même au risque de troubler le spectateur. Tout au plus lui suggérer que ce cheminement relève de l’imaginaire.
Note sur la scénographie et l’éclairage, Rémi Nicolas
Fixer et dynamiser un espace privé, où un temps unique (« minuit sept ») est absurdement suspendu, n’est pas chose aisée.
Que ledit espace soit aussi le contenant d’un couple aux prises avec des interrupteurs, des paravents, un lit, un ascenseur et toutes sortes d’autres machins, et qu’il faille le définir par du mobilier et une lumière électrique (ensemble nocturne commun à bien des appartements), m’a conduit à envisager une esthétique à tendance plutôt cubiste.
L’écriture elliptique, allusive et fragmentée d’« Effets de nuit », me semblait en même temps appeler une scénographie utilisant des éléments révélateurs d’un espace intime, mais toujours parta-gé entre le révélé et le caché. De là l’idée de paravents mobiles cadrant un lit et des fauteuils improbables, structurant un ensem-ble monochrome et foncé, homogène et léger, jouant par la lumière des transparences et du flou des frontières. Car, même s’il est toujours « minuit sept », où est le jour, où est la nuit ?
Ainsi, pour l’éclairage : des principes d’allumage et d’extinction permettant de passer d’un lieu de pénombres à celui d’un lit rassurant (ou parfois terrifiant) décrivant la crudité, voire la cruauté des relations entre les deux protagonistes. Car le jour, c’est sans doute l’extérieur, mais c’est plus encore l’autre dont, sans défiance, il faut pourtant sans cesse pouvoir se cacher ou se protéger.
Ces intentions scénographiques du voilé/dévoilé (ou des limites invisibles de l’« intime à deux »), devraient habiller un espace homogène et pourtant fragmenté, à partir d’une « chambre cubiste », dans une lumière contrastée, parfois indirecte et douce, parfois au contraire directe et franche, mais en aucun cas réaliste.
Note sur la musique, Philippe Chatel
La musique que j’ai proposée à Philippe Madral est constituée de « boucles » (ou « loops » en anglais) et de « samples », fréquemment utilisés par les musiciens d’aujourd’hui qui font de l’"Electro", de l’"Acid jazz", ou du "Jungle".
On puise en fait dans une "banque de données » des sons et des petits morceaux de musiques (« jingles ») qu’on réunit et qu’on mélange à sa guise. Le résultat n’est pas de la musique « développée » comme une chanson avec couplet, refrain et pont, ni comme une symphonie cons-tituée de plusieurs parties distinctes.
La musique répétitive ne date pas d’aujourd’hui.
Autrefois, on appelait cela des « mélopées », où le même thème, court, était repris indéfiniment, comme on égrène les billes d’un chapelet. Aujourd’hui, des compositeurs comme Philip Glass ont beaucoup tra-vaillé dans cette voie. On peut se référer également au rap, textes scandés, là aussi, sur des boucles répétitives.
Cette systématique donne une impression particulière, prenante, obsé-dante, voire envoûtante, pour peu qu’on s’y laisse aller.
J’ai pensé que cette musique répétitive correspondait bien à une pièce où le temps s’arrête ou se reprend indéfiniment, selon le voeu de l’au-teur, à "minuit sept".
Enfin, le décalage entre cette musique et le va et vient continuel des personnages entre petites paix et petites guerres, apporte, je l’espère, la note ironique souhaitée par le metteur en scène.