Écriture et mise en scène de Jean-Marc Chotteau
Du 21 novembre au 02 décembre 2006
au Salon de Théâtre, Tourcoing (F)
Spectacle à l’abonnement
Une création de La Virgule
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Avec : Jean-Marc Chotteau et Estelle Boukni
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Le texte est publié aux Editions La Fontaine
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Assistanat : David Lacomblez et Marie-Hélène Sarrazin
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Scénographie : Patrick Bougeia
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Costumes : Léa Drouault
Dans l’univers très concret d’une chambre d’hôpital, un comédien vient rendre visite à un parent-très proche ! -enfermé dans un profond coma. Ce dont souffre le patient - le public ? - aurait son antidote : “il faut lui parler, lui parler sans cesse”, conseille l’infirmière. Mais avec quels mots ? Ceux qui ravivent la mémoire ou ceux qui suscitent le rire ? Ceux qui rassurent, ou ceux qui provoquent ? Ceux des poètes ou des bouffons ? “Cela ne devrait pas être trop difficile à l’acteur que vous êtes !” dit l’infirmière au visiteur…
COMMA
“Assez rapidement, au fil du dialogue entre l’infirmière et le visiteur, s’opère un glissement, et l’on découvre pour notre plus grand plaisir que la situation est une allégorie du théâtre et du rapport au public. Le comateux (...) n’est autre que le public lui-même, et les deux protagonistes, les voix symboliques et parfois discordantes d’une réflexion artistique et plus spécifiquement théâtrale. Ainsi, après l’expérience de la timidité, de la grandiloquence et du pathos, de l’identification et de la distance, de la fantaisie, de la logorrhée de la provocation et de la violence, le silence est convoqué pour contrer le vacarme abétifiant des arts du langage et des médias, pour se remettre à écouter autrement les bruits du monde.
Car le silence comme le "comma", cet espace imperceptible entre deux notes contiguës, cette virgule (en anglais) entre deux propositions, est bien la respiration de la parole, ce qui la fait exister en lui permettant d’imposer son sens et sa profondeur, ce qui génère l’écoute à l’intérieur même du discours. Chotteau nous offre une fable tendre et drôle qui traite dans un style nuancé et culturellement incorrect de la place des mots au théâtre, et plus largement dans nos sociétés. (...) tout en ne cessant d’interroger son art, le metteur en scène se donne comme mission de défendre un théâtre du verbe, alors que la tendance actuelle est plutôt à l’exacerbation de l’image et de l’expression du corps.(...) Comma fait donc écho à des polémiques récentes concernant la dernière édition du Festival d’Avignon. (...) Jean-Marc Chotteau réussit à créer une émotion et à produire une violence dérangeantes parce qu’elles ont un sens et trouvent une origine dans nos vies. Entre les images, plates copies du monde, qui souvent ne veulent rien dire d’autre que ce qu’elles montrent et sont manipulables à l’infini, et la cacophonie des productions langagières dans laquelle tous les messages interfèrent les uns avec les autres et finalement s’annulent, le théâtre a sûrement un rôle à jouer, celui de faire émerger la pensée des interstices de la parole et d’apporter une vision symboliste qui exhalerait la vie de l’esprit et la possibilité d’un mystère. »
Extrait de l’article de Pascale Roger publié dans la Revue Etudes, mars 2006.