Production : La Virgule (Mouscron-Tourcoing)
Avec : Jean-Marc Chotteau, Éric Leblanc
Assistante à la mise en scène : Carole Le Sone
Scénographie : Jean-Marc Chotteau
Construction de décor : Les Ateliers du Nord
Assistante décoration : Frédérique Bertrand & Périne Grzegorczyk
Lumière et régie : Éric Blondeau
Régie plateau : Wilfried Vanderstuyf & Lionel Quesnée
Costumes : La Compagnie du costume
avec l’aimable participation de Benjamin Warlop
Photographies du spectacle : Frédéric Leprêtre
Dessin de l’affiche : Jun Kawada
Durée du spectacle : 2h50 entracte compris
Une comédie d’après Gustave Flaubert
Mise en scène de Jean-Marc Chotteau
Avec Bouvard et Pécuchet, Gustave Flaubert voulait fustiger la bêtise humaine à travers l’histoire de deux modestes employés de bureau dont un héritage bouleverse la vie et qui partent entreprendre, dans une retraite campagnarde, une encyclopédique étude des Sciences. Leurs enthousiasmes n’auront d’égal que leurs déceptions : Qui et quoi croire ? finiront-ils par se demander, désespérés…
Il y a vingt-trois ans, alors que commençait à sévir au détriment des vrais savoirs la maladie planétaire du zapping généralisé, Jean-Marc Chotteau s’autorisa, non sans audace, à adapter, pour la porter à la scène, l’aventure de ces deux personnages à la fois pathétiques et drôles, dont lui semblait flagrante l’actualité. François Lalande et le regretté Fred Personne en avaient été les merveilleuses incarnations.
À l’heure d’internet, de la multiplication des croyances les plus sottes, de la défaite de la pensée dans un monde qui semble perdre la raison, La Virgule a pensé qu’il urgeait de reprendre un de ses plus gros succès, avec, cette fois, Éric Leblanc et Jean-Marc Chotteau lui-même dans les rôles-titres.
« Si tu veux nous associers pour écrire, moi, j’écrirait des comédie et toi tu écriras tes rèves, et comme il y a une dame qui vient chez papa et qui nous contes toujours des bêtises je les écrirait. » C’est Flaubert qui écrit cela, et il faut lui pardonner ses fautes d’orthographe, car il signe cette lettre à Ernest Chevalier, son copain de collège, le 1er janvier 1831. À cette date il n’a que 9 ans…
Il ne tiendra pas ses promesses : il n’écrira pas des comédies mais des romans, avec, c’est vrai, deux escapades théâtrales, mais couronnées d’insuccès. Par contre, il aura bien toute sa vie l’obsession d’écrire, et d’écrire sur la bêtise. Plus seulement celle de la bonne de son père, mais de l’humanité.
Toute son œuvre est traversée par cette question qui l’obsède, et il a 41 ans quand il annonce qu’il va écrire « une espèce d’encyclopédie de la Bêtise moderne » : « Je vais commencer un livre qui va m’occuper pendant plusieurs années… C’est l’histoire de deux bonshommes qui copient une espèce d’encyclopédie critique en farce. Pour cela il va me falloir étudier beaucoup de choses que j’ignore : la chimie, la médecine, l’agriculture. Je suis maintenant dans la médecine. Mais il faut être fou et triplement frénétique pour entreprendre un pareil bouquin ! Tant pis, à la grâce de Dieu ! »
Ce livre, c’est Bouvard et Pécuchet, son chef-d’œuvre, entreprise effectivement insensée puisqu’il la laisse inachevée en mourant à 59 ans au milieu du dixième des onze chapitres qu’il avait prévus, et avant même d’entreprendre le second tome dont il ne nous laissera que l’ébauche.
Faire de Bouvard et de Pécuchet d’authentiques personnages de comédie parut il y a 23 ans à Jean-Marc Chotteau une audace à tenter : l’époque lui semblait propice pour le faire. Voilà ce qu’on pouvait lire dans la note d’intention qu’il signait en mai 1993 :
« On les connaît, les Bouvard et Pécuchet. Ils sont nombreux ! Quinquagénaires fatigués de la ville et de la vie, ils ont rêvé longtemps de tout recommencer, ailleurs, autrement, avant de se retrouver facteurs en Lozère, bergers au Larzac, retraités dans le Luberon, avec l’envie de prendre leurs distances pour mieux comprendre le monde. En regardant la télévision !
Les héros de Flaubert avaient, eux, les livres. Modestes gratte-papier à Paris qu’un hasard a fait se rencontrer sur un banc, un héritage leur permet de réaliser leur rêve commun : cultiver un domaine en Normandie, sûrs qu’ils sont de trouver dans les livres - qu’ils auront enfin le temps de lire - les savoirs qui leur manquent. Avec une foi touchante et en même temps irrésistiblement comique, les deux amis expérimenteront tour à tour l’agriculture, la chimie, la médecine, la géologie, l’archéologie, la gymnastique, le spiritisme, la religion, le théâtre…, mais d’insuccès en insuccès, ils échoueront lamentablement dans leur quête de certitudes. (…)
Apprentis-sorciers qui croient connaître ce qu’ils ignorent, ils incarnent pathétiquement cette errance mélancolique de ceux qui sont revenus de tout sans être jamais allés nulle part.
Bouvard et Pécuchet me donnent l’envie d’épingler les Trissotin du faux savoir, dévots scientistes dépourvus d’esprit scientifique, qui s’adonnent à cœur joie - et cerveau flatulent - au zapping fou de leurs télécommandes.
Il me tarde de porter à la scène de tels personnages. »
Jean-Marc Chotteau et Éric Leblanc, qui ont aujourd’hui l’âge des interprètes de cette création qui fut un des plus gros succès de la compagnie, partagent la même impatience d’offrir au public d’aujourd’hui cette comédie d’aujourd’hui.
La presse en parle
Une comédie réjouissante !
Pierre-Jérôme Montenot, Wéo
Une très belle réussite... la complicité entre les deux acteurs nous offre deux personnages burlesques dont on aime la naïveté, avoir de la tendresse pour leur bêtise. On rit mais jamais sur le dos de ces nigauds. Coup de chapeau au décor qui évolue de saynète en saynète... Une pièce terriblement d’actualité !
Christian Vincent, La Voix du Nord
L’adaptation, la mise en scène et la scénographie de J.M. Chotteau donnent du rythme, , une tendresse bienveillante et lucide pour les personnages, et un comique de situation familièrement complice qui embarquent le spectateur. (...) Un vrai plaisir !
Paul K’ros, Liberté Hebdo
La mise en dialogues est parfaite. Voilà un modèle de théâtralisation réussie d’un chef d’œuvre littéraire méchant miné par la tendresse !
Jean-Pierre Léonardini, L’Humanité
On rit beaucoup, on raille sans dérailler.
Danielle Dumas, L’Avant-Scène
L’adaptation de Chotteau est astucieuse. La modernité de l’œuvre nous parvient...
Jean-Luc Jeneer, Le Figaro magazine
Allègre et malin. Une mise en scène inventive dans un décor très astucieux.
Annie Copperman, Les Échos
Un moment de théâtre épatant.
Jean-Marc Petit, La Voix du Nord
Cette adaptation du livre de Flaubert est habile ... On rit beaucoup.
C. A., Le Point
Aussi drôle que poignant.
Michel Cournot, Le Monde