Adaptation, décor et mise en scène de Jean-Marc Chotteau
Co-adaptation Blandine Aubin
Avec : Éric Leblanc
Avec la voix d’ : Estelle Boukni et celles des élèves de l’option théâtre du Collège Lucie Aubrac de Tourcoing.
Du vendredi 13 au samedi 28 janvier 2012
Salon de Théâtre, Tourcoing [F]
Spectacle à l’abonnement
Production : La Virgule, Centre Transfrontalier de Création Théâtrale (Mouscron-Tourcoing)
Témoignages recueillis par : David Lacomblez et Lucie Hardouineau
Création lumière et son, régie générale : Sébastien Meerpoel
Régie plateau : David Lacomblez
Construction du décor : David Lecocq
Décor construit dans les Ateliers Municipaux de Mouscron
Durée du spectacle : 1h25 sans entracte
Seul vestige d’un « grand ensemble » tout juste abattu pour faire place à des logements flambant neufs, un mur de boîtes à lettres se met à livrer des mémoires à un passant... Eric Leblanc fait passer le public du rire aux larmes en interprétant une quinzaine des habitants d’un immeuble. Les histoires de famille, les anecdotes de voisinage, les petites choses quotidiennes, mais aussi les joies et les peines des grands événements de la vie, résonnent ainsi une dernière fois au milieu des gravats. Les habitants sont partis, relogés ailleurs, mais la mémoire du lieu, où les destins solitaires croisaient les aventures solidaires, subsiste à travers leurs mots : « On n’est pas des gens qu’on déplace pion par pion. On est des gens... qu’on a une histoire. »
Pour bâtir son HLM, « Habiter La Mémoire », l’événement théâtral de la saison dernière, qui fut, avec 23 comédiens, un spectacle déambulatoire hors norme au sein même d’un immeuble collectif avant sa destruction, Jean-Marc Chotteau s’était vu confier des témoignages passionnants. Mais, trop nombreux pour rentrer dans ce seul spectacle, et trop riches d’humanité, d’émotion et d’humour pour être laissés de côté, il a imaginé de puiser dans d’autres de ces récits de vie pour présenter comme en avant-première Appartements Témoins, un autre spectacle, plus léger, où un seul comédien, Eric Leblanc, tiendrait la gageure d’interpréter une quinzaine des locataires d’un « linéaire ». Les dix représentations données au printemps 2011 connurent un tel succès qu’il fut décidé de le reprendre au cours de la saison qui venait avant de le proposer en tournée.
Aussi incroyables qu’ils apparaissent, aucun des mots d’Appartements Témoins n’a été inventé. Et le travail de mise en scène et de direction d’acteur a été de restituer « textuellement » une langue parlée avec tout ce qu’elle contenait d’émotions, de colères, de désarroi, et finalement d’humanité, dans les non-dits, les hésitations, les lapsus, les oublis, ou les digressions. Les sous-textes disant souvent plus encore que les mots, Jean-Marc Chotteau les a fait parler. Ce respect de la chose dite n’a pas exclu auparavant un nécessaire travail d’adaptation, mené conjointement avec Blandine Aubin, dont la première tâche fut de choisir parmi les centaines de pages de paroles fidèlement recueillies par David Lacomblez, Lucie Hardouineau et Juliette Dulon. Ensuite il fallut créer le juste sens par la juxtaposition de paroles étrangères les unes aux autres, leurs coupes, les mises en perspectives des témoignages, les contradictions d’un même récit… Et ce qui apparaît finalement de la signification profonde de ces tranches de vie est l’étrange paradoxe, dans ces immeubles que l’on dit « collectifs » ou « grands ensemble », d’y entendre l’expression de grandes solitudes.
Eric Leblanc, au-delà de sa performance, exprime dans son jeu lui-même la question que se pose tout comédien quand il doit incarner des gens dont l’existence est contemporaine. Jusqu’où peut-on aller dans la composition, étant bien entendu qu’on sera moins que jamais le personnage ? Et que les témoins vivants qui l’ont inspiré sont peut-être dans la salle ? Peut-on faire admettre que la fidélité à une parole, écrite ou parlée, que le respect à un témoignage vivant, passent au théâtre par une transposition nécessaire ? Sans nul doute les remerciements et la reconnaissance exprimée avec passion dès les premières représentions par les spectateurs-auteurs ont apporté la réponse espérée.
La presse en parle :
Seul en scène, c’est un impressionnant Éric Leblanc qui prête vie à une quinzaine de personnages. Tantôt touchant de tendresse quand il s’agit d’évoquer le voisin d’origine étrangère à qui on fait confiance, tantôt émouvant quand il incarne celui qui n’a rien pu faire pour empêcher le suicide d’un jeune. Éric Leblanc est époustouflant d’humanité. Il porte les témoignages de ces « vrais gens » qui ont tellement de choses à nous dire ; ces gens que l’on ne voit plus bien cachés derrière les murs de béton. On est profondément ému par toutes ces petites histoires du quotidien, le tout mis en scène avec des trésors de trouvailles par Jean-Marc Chotteau et son équipe. Les Appartements Témoins se visitent avec bonheur.
Christian Vincent La Voix du Nord
Sans faire un théâtre social, Chotteau y prouve encore une fois son intérêt pour un théâtre nourri d’humanité et de proximité, une belle preuve que des questionnements contemporains et presque ordinaires ont tout à fait leur place sur les planches. Guillaume Branquart Sortir
Un spectacle plein d’humanité, d’émotion et de tendresse. (…) Un bon conseil. Courez-y ! Vincent Décaudin Nord-Éclair