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Mimoun et Zatopek


Écrit et mis en scène par Vincent Farasse

Jeudi 17 et vendredi 18 janvier 2019
au Centre Marius Staquet, Mouscron [B]

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Production : Cie Azdak (Lille)
Coproduction : Le NEST - CDN de Thionville, Collectif Les 3 Mulets (Metz), Plateau 31 (Gentilly)
En compagnonnage avec : La Virgule (Mouscron-Tourcoing)
Avec le soutien de : DRAC Hauts-de-France, DRAC Grand-Est, Région Grand-Est
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Avec : Ali Esmili
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Scénographie : Jean-Gilbert Capietto
Lumières : Nathalie Perrier
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Durée du spectacle : 1h15 sans entracte


Photothèque


Après Mon Oncle est reporter, Métropole et Un incident, Vincent Farasse présente une quatrième pièce qu’il a écrite et mise en scène. Mimoun et Zatopek sera le dernier spectacle présenté par la Compagnie Azdak dans le cadre du compagnonnage avec La Virgule, dispositif soutenu par le Ministère de la Culture - DRAC Hauts-de-France.
Seul sur la scène du Centre Marius Staquet, Ali Esmili campera le personnage d’un ouvrier des usines Renault, qui, un soir d’occupation de l’usine, revient sur sa jeunesse. Parmi les figures qui l’ont aidé à se construire, deux personnages légendaires de l’après-guerre, deux champions de la course à pied : Alain Mimoun et Emil Zatopek. Au fil de ce récit intime et historique, les souvenirs se mélangent, les époques aussi, des stades aux usines, de la reconstruction de l’après-guerre à l’essoufflement du modèle communiste. Une vie entre Mimoun et Zatopek.

Milieu des années 70. Suite à une menace de suppression de postes, Karim, ouvrier mécanicien, occupe son usine. C’est la nuit. Il repense à sa première action militante. C’était l’année 47, l’année de ses quinze ans. L’année où, arrivé en France, il trouve un travail dans les usines Renault à Boulogne-Billancourt et dort dans les baraquements de Saint-Denis. L’année de la grande grève. L’année où Mimoun devient champion de France des 5 et 10000 mètres. L’année où Joseph l’inscrit à la course junior du cross de l’humanité. L’année où il rencontre Angèle. L’année où Jules Moch, ministre SFIO, fait tirer sur les mineurs. L’année où Zatopek gagne sa première course internationale aux jeux interalliés de Berlin, avalant 5000 mètres en 14 minutes 31. Les souvenirs se mélangent, de l’année 47 au milieu des années 70. L’histoire d’un ouvrier. L’histoire d’un sport, et de deux athlètes d’exception. L’histoire d’une société qui change.

Le projet de ce spectacle est né d’une rencontre, celle entre Ali Esmili, comédien (Métropole), et Bouabdellah Tahri, figure messine de l’athlétisme, plusieurs fois champion de France et d’Europe du 3000m steeple. Les deux hommes se parlent, s’écoutent. Des analogies apparaissent entre leurs deux métiers : des métiers-passions d’abord, un même outil : le corps, un nécessaire dépassement de soi, et, en récompense, l’ouverture de nombreux horizons, ceux de l’imagination et ceux de sa propre condition sociale. Ali Esmili demande à son ami Vincent Farasse d’écrire sur cet univers du sport. L’auteur et metteur en scène écrit alors une pièce-performance pour l’acteur, un seul en scène qui embrasse également les thématiques récurrentes dans son travail : la mise en question de la réalité du progrès social, l’imaginaire et l’intime dans leur articulation avec le monde du travail, les idéaux à l’épreuve du quotidien. Les figures historiques, Mimoun et Zatopek, lui reviennent en tête. Deux adversaires et amis sur la piste. Deux marathoniens qui restent toujours debout à la fin de leur course. Deux héros pour de nombreux amateurs de sport. Deux figures de proue d’idéologies rivales, celle du modèle soviétique triomphant pour Zatopek, celle du Gaullisme pour Mimoun, héros de la Résistance et figure positive de la colonisation française. Deux destins liés à la grande histoire parfois à leurs risques et périls.

Dirigé par Vincent Farasse vers une prise de parole vivante, au présent, tout en menant un travail sur la situation, celle de l’occupation d’une usine suggérée par les lumières, Ali Esmili incarnera un ouvrier qui revient sur sa jeunesse perpétuellement tiraillée entre ces deux héros « qui ne se couchent jamais », lui qui, aujourd’hui pris dans une grève voit le héros tchèque déclassé après un procès politique, et le mythe gaulliste s’éteindre dans le centrisme libéral.



Extraits de la pièce

Parce qu’il faut savoir que dans la course, tant qu’on n’a pas franchi la ligne, on n’est jamais devant. On peut avoir l’impression d’être devant. Mais c’est une impression. Tant qu’on n’a pas franchi la ligne, même dans le dernier mètre, un zèbre peut débouler sur votre droite et gagner d’une demi-seconde. Surtout si ce zèbre s’appelle Zatopek.

Qu’est-ce qu’il se passe avec Zatopek ? Quand vous courez derrière Zatopek ? Ou devant. Devant, c’est presque pire, je vous l’ai dit, déjà.
La première chose, le piège : vous savez jamais si il court. Je vous jure que c’est vrai. Vous savez pas. Si vous croyez savoir, vous vous fourrez le doigt dans l’œil. Parce que vous, vous voyez un type qui court, vous vous dites, il court. Normal, puisqu’il court. Un type qui court, vous allez pas dire qu’il court pas. C’est une absurdité. Quand on voit un type courir, eh ben, il court.
Mais pas Emil. Eh non. Enfin, pas toujours. Parfois, vous le voyez courir, et, effectivement, il court. Et parfois, vous le voyez courir, vous vous dites qu’il court… mais il court pas. Il se repose. C’est là qu’il vous piège.